c'est une blessure qui ne s'est jamais refermée, la mort de sa mère. elle ne le fait plus souffrir comme avant. c'est qu'il n'a pas eu son adieu, même pas eu le temps de lui dire une dernière fois qu'il l'aimait. a peine une stèle du marbre posée à coté de celle de leur père pour pleurer. relation privilégiée jusqu'à ce que naisse ila, ce ne sont pas les plus belles années. elles allaient venir. les choses ont changé tout simplement, mais sa main n'a jamais quitté la sienne. complice de toujours, elle lui a transmis ses valeurs et ses sourires, les réponses à ses questions avant qu'il ne les pose, lui a enseigné l'art d'être un grand frère, homme de la famille second qui doit toujours veiller sur son petit frère, qu'il ne doit lâcher sous aucun prétexte. elle qui pansait ses blessures et lui chantait une vie meilleure, un sourire plus radieux. puis, une ombre a glissé sur son visage quand papa est mort. un deuxième choc, une gifle plus violente encore que celles qui empourpraient ses joues. car le démon râhu se fiche bien des états d'âmes de l'enfant devenu adolescent, enfant qui tourne le dos aux rêves et aux contes de son enfance et qui entre dans le concret, demande une attention que cette prétendue mère ne sait pas donner. elle le néglige, ils ne parlent plus comme ils avaient l'habitude de le faire. tout est devenu froid, si soudainement, son regard inquisiteur qui tente de lui transmettre un peu d'amour, mais naël n'est pas dupe. il y a quelque chose de changé dans ses yeux qui lui a toujours fait froid dans le dos, qui le serrait le coeur. comme si soudain il n'était plus si certain que maman mourrait pour lui. c'est quelque chose dont il ne parle pas, il y pense souvent. quand les gosses pleurnichent au poste, quand une petite fille lui prend la main dans la rue, à la recherche de sa maman. il a le coeur lourd et la bouche pleine de mot qu'il n'a pas eu le temps de partager. revoir ila, ce serait revoir un morceau d'elle, un morceau d'eux.
c'est un nom connu tombé dans l'oubli ; pourtant naël le reconnait, au poste de police, quand on l'informe qu'une certaine Ofelia De Luca nécessite l'aide de la police. non présent lors de l'intervention, il observe ses traits avec un brin d'intérêt quand elle est amenée au poste, l'esprit vague et les paroles décousues. il se souvient d'ofelia ; reconnait ses yeux d'enfant, toujours aussi brillants, bien que perturbés, cette fois. sa mère la gardait, autrefois. elle a certainement connu de bien meilleurs moments que lui dans sa demeure. mais qu'importe ; naël ne s'attarde pas à ce genre de choses, sait être professionnel. il y a un néant dans les iris de la jeune femme, des trous dans les histoires dites lors de son appel téléphonique et de l'agitation chez les vieux officiers. naël entend parler de fausse déclaration. envie d'aider, envie de la sauver ; il lui permet de ne pas être poursuivie pour les mensonges racontés, lui offre son numéro de téléphone et voit celui de son frère, ilario, dans son répertoire. et elle s'en va, et il oublie. mais peut-être pense-t-il à elle, quand les flammes le frappent. il se rappelle l'histoire folle hors de son appel.